Mais pourquoi tant de seuils intermédiaires pour les MAPA ?

Et si on parlait de tous ces seuils intermédiaires pour les MAPA ! 

– Marchés supérieurs à 5 000 € HT : l’acheteur doit s’assurer que le titulaire respecte bien ses obligations en matière sociale et obtenir l’attestation de vigilance

– Marchés supérieurs à 25 000 € HT : contrat écrit obligatoire et publication des données essentielles.                                                                                                                                          

Pourquoi avoir maintenu ce seuil de 25.000 € HT alors même que le législateur relevait à 40 000 € HT le seuil des marchés sans publicité ni mise en concurrence ? 

– Marchés inférieurs à 30 000 € HT pour l’achat d’œuvres d’art existantes : (R 2172-15 du CCP).

Dans le cadre de l’obligation de décoration des constructions publiques, possibilité d’achat direct d’une ou plusieurs réalisations artistiques auprès d’un artiste vivant.

– Marchés inférieurs à 40 000 € HT : possibilité de passer un marché sans publicité ni mise en concurrence (R 2122-8 du CCP).

– Marchés supérieurs à 50 000 € HT : obligation, sous conditions, de versement des avances

– le seuil de 80 000 € HT qui permet de recourir à la procédure adaptée dans le cadre d’une procédure supérieure aux seuils européens en utilisant la technique des ” petits lots” pour l’achat de fournitures et services dans la limite de 20% du montant global de l’opération. (R 2123-1 du CCP).

-Marchés de fournitures de livres non scolaires : dispense de procédure pour les achats ˂ à 90 000 € HT (art R2122-9).

– Marchés supérieurs à 90 000 € HT : obligation de publier un avis d’appel public à la concurrence dans un journal d’annonces légales ou sur le site du BOAMP. 

 Rappelons que ce seuil est un seuil propre à la France. Le droit de l’Union européenne exige simplement, en dessous des seuils d’application des directives marchés publics, une publicité adéquate dans le respect de l’obligation de transparence.

– Marchés inférieurs à 100 000 € HT, possibilité de passer un marché sans publicité ni mise en concurrence pour les achats innovants (R 2122-9-1 CCP).

– Et maintien du seuil de 100 000 € HT jusqu’au 31 décembre 2024 pour les marchés de travaux. (Décret 2022-6083 du 28-12-2022 modifiant le CCP)

On le voit, il serait nécessaire d’harmoniser les seuils !

Propositions :

Supprimer le seuil de 25 000 € HT concernant l’obligation de contrat écrit et la publication des données essentielles.                                                 

– Porter de 30 000 à 40 000 € HT, la possibilité d’achat direct d’œuvres d’art existantes

– Laisser à l’acheteur le choix du support de publicité pour les marchés supérieurs à 90 000 € HT et inférieurs aux seuils européens.

 Chantal Brunet, secrétaire et membre expert de l’AAP

Edito…en attendant l’été… 2024

eForms : tout ça pour ça ?

Les avis de publicité sont morts, vive les eForms !

C’est dans une relative indifférence que les nouveaux modèles d’avis de publicité européens, les fameux eForms, sont entrés en vigueur le 31 janvier dernier. Mais de l’indifférence, les acheteurs publics sont rapidement passés à la panique, avant de devoir, une fois de plus, faire preuve d’ingéniosité et d’agilité. Retour sur les trois premiers mois d’utilisation de ces nouveaux modèles.

Issus d’un règlement européen de 2019 (2019/1780/UE), ces nouveaux modèles obligatoires pour la publication d’un avis de publicité au JOUE avaient tout pour séduire, si l’on se fie à la notice publiée par la Direction des Affaires Juridiques du Ministère de l’Economie et des Finances :

  • Améliorer la saisie en ligne et la transmission à l’office des publications ;
  • Réduire la charge administrative et améliorer la fiabilité des données ;
  • Faciliter l’automatisation des remplissages lorsque l’information a déjà été transmise.

Ne tenions-nous pas ici une vraie simplification à l’attention des acheteurs publics ?

Dire que la réalité n’a pas atteint ces louables objectifs est un euphémisme. Nous sommes plutôt à l’opposé. Le passage aux eForms a conduit à une paralysie totale des avis de publicité européen.

Modules de rédaction inachevés ou incompréhensibles, code erreurs énigmatiques, champs excessifs et … silence des institutions en charge des publications. Ou plutôt, saturation de ces institutions qui ont croulé sous les appels et messages des acheteurs et des éditeurs de profils d’acheteurs. 

Mais la mise en place de ces nouveaux formulaires n’aura pas éprouvé que les acheteurs. « C’est un sujet douloureux, y compris pour la DAJ. Tout le monde n’a pas été au rendez-vous, y compris l’Etat. Il y a une responsabilité de la part de la Commission qui n’a pas stabilisé les données » a déclaré Laure BEDIER, Directrice des Affaires Juridiques des ministères économiques et financiers[1], interrogée par nos soins lors d’une conférence en mars dernier.

Encore aujourd’hui, de nombreux acheteurs signalent des difficultés à adresser leurs avis de publicité, une incompréhension de certains codes erreurs ou intitulés de champs à remplir, des infos démultipliés pour les lots, et un temps de remplissage plus long que pour les anciens formulaires. La réduction de la charge administrative ne semble concerner que très peu, voire pas du tout, d’acheteurs.

Malgré tout, quels enseignements pouvons-nous tirer de cette expérience ?

[1]  Laure BEDIER quitte la Direction des affaires juridiques de Bercy. Clémence OLSINA a été nommée à sa succession en Conseil des ministres ce 3 mai et prendra ses fonctions le 13 mai.

1 – Une fois de plus, l’acheteur public aura usé de sa capacité d’adaptation, de débrouillardise même.

En 2024, aussi basique que cela puisse paraître, le premier défi qu’aura dû surmonter l’acheteur public aura été de réussir à publier un appel d’offres.

Jour après jour, c’est bien la capacité d’adaptation qui devient la première des compétences à maitriser par les acheteurs.

La capacité des acheteurs à réseauter, à partager les informations et astuces entre pairs ou à réfléchir ensemble pour trouver une solution commune revêt également une nouvelle dimension. Les échanges permettent de se sentir moins seul face à des situations imprévues et de trouver plus rapidement des solutions.

2 – Est-ce le début de la fin des avis de publicité ?

« Tout ça pour ça ? » nous diriez-vous ?

Le constat est sans appel : l’avis de publicité est encore plus volumineux et plus illisible qu’avant. Dans sa volonté de transparence et d’Open Data, il semble que l’Union Européenne ait perdu de vue l’essentiel : trop d’information tue l’information. A trop en mettre, on ne répond plus à la fonction principale : informer les candidats potentiels du lancement d’une consultation qui peut les intéresser.

Plus encore, l’avis de publicité n’est-il pas anachronique ?

Les DCE sont très facilement accessibles pour les entreprises, en quelques clics, et de nombreuses alertes et méthodes de recherches permettent aux entreprises d’identifier des marchés potentiels sans avoir à lire en détail les avis de publicité.

Sans compter que la forme et la structure des avis de publicité ne donnent guère envie d’être lues : bien que perfectibles, le contenu d’un DCE reste plus lisible qu’un avis de publicité.

N’aurait-il pas été plus pertinent de repenser la fonction première d’un avis de publicité, de l’adapter aux usages actuels, de l’alléger drastiquement, voire même de le supprimer ?

3 – La simplification attendue ne pourra venir que des acheteurs publics eux-mêmes

Enfin, notons une nouvelle fois que la simplification, côté acheteurs publics, se fait toujours attendre.

Ni les eForms, ni les dernières annonces gouvernementales sur la simplification de la commande publique ne laissent entrevoir des réelles avancées.

Et si la simplification venait des acheteurs publics eux-mêmes ?

Des initiatives pour rendre la commande publique plus accessible existent et paraissent prometteuses : hotline pour les entreprises, règlement de consultation en legal design, allègement des dossiers de candidatures, communication autour de la « marque acheteur », …

Mais la diversité des pratiques et le nombre d’acheteurs publics diluent ces efforts et participent à l’apparente complexité de la matière.

Si l’uniformisation et la simplification des pratiques ne découlent pas d’une réforme de la réglementation, pourrait-elle émerger des réseaux d’acheteurs ?

Yannick Tissier Ferrer, expert et membre du CA de l’AAP – 1er mai 2024

Sous-traitance : un oubli dans le formulaire DC4 ?

Un récent échange avec une consoeur a mis en évidence, semble-t-il, un oubli dans la rubrique L du nouveau formulaire DC4 (mais également dans les précédentes versions).

Cette rubrique porte sur la cession ou le nantissement des créances résultant du marché et ne prévoit pas l’hypothèse où aucun exemplaire unique ni certificat de cessibilité n’a été délivré au titulaire du marché.

En effet, ces documents ne sont plus délivrés obligatoirement à la notification du marché, mais seulement sur demande de l’entreprise (R.2191-46 code de la commande publique).

Alors certes, le formulaire DC4 peut être modifié par ses utilisateurs, mais il serait souhaitable que celui que propose la DAJ de Bercy soit complété en ce sens, car lorsqu’aucune case de la rubrique L n’est cochée (lorsqu’aucune ne convient !), cela peut provoquer des blocages de paiement.

Version complétée du formulaire à télécharger :

“Acheteur 3.0 : bien former pour bien transmettre et accompagner”

Service d’appui, la posture et l’image de la direction de la commande publique symbolise toute la dynamique du métier d’acheteur public.

Du “…on ne peut pas…” à “... ça va être compliqué …“, l’AAP vous propose en réponse “… pas de problème, je regarde avec mes collaborateurs et une solution sera trouvée...” ou “… bien sûr, une modification du marché semble être la réponse à votre besoins…” : un acheteur facilitateur.

Ainsi, comme promis lors de la matinale à Antony du mardi 26 septembre 2023 voici les 3 cadeaux de l’AAP :

  • Qui veut gagner des MAPA : un quizz sur la base des pratiques et procédures internes. Ce quizz est destiné à l’acculturation de la commande publique sous forme de jeu à adapter à votre organisation et en fonction des publics…
  • Du code au juge ou comment établir une consultation : un diaporama présentant les principales procédures de la commande publique et certaines applications de consultations non codifiées, à adapter en fonction de votre organisation et de vos procédures internes… (nouvelle version au 05/10/2023)

Bien évidemment rien ne remplace : l’animateur, l’acheteur enthousiaste et positif dont l’objectif est d’être le vecteur d’information d’une commande publique qui s’adapte aux besoins et contextes et qui permet d’avancer et de réaliser les projets des services et au service des élus… Bonjour chez vous !

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